Une liberté de choix en question…
Le cas de Sonia
Cela fait plus de 10 ans que je fais appel à des auxiliaires de vie à domicile.
J’ai commencé en service mandataire pensant être plus en sécurité, administrativement. Cependant, après quelques années, des surplus mensuels de salaire très peu adaptés à mes revenus ont failli me ruiner.
En effet, du jour au lendemain l’association a rompu ses engagements et cessé de prendre en charge les frais supplémentaires tels qu’un tarif horaire de nuit plus élevé. En tant qu’employeur, je n’étais évidemment pas libérée des termes contractuels que j’avais envers mes salariées.
Pour m’en sortir, j’ai dû faire appel à un service prestataire (entreprise). Je leur avais exposé ma situation particulière et les risques d’être trachéotomisée suite à une future intervention chirurgicale. Il ne voyait pas d’inconvénient à m’accompagner. Après avoir appris la pose d’une trachéotomie, ce service m’a envoyé une lettre de rupture de contrat en prétendant qu’ils n’en avaient pas été informés.
Il y avait pourtant des témoins.
Dans ce nouveau contexte, j’ai dû passer en urgence, en employeur particulier. Je gérais très bien le côté administratif et financier. J’aimais pouvoir gérer mon planning moi-même. Cependant, il était très compliqué pour moi de rester dans la légalité, ne pouvant pas former les salariés aux aspirations
endotrachéales dans les temps (faute de budget). Pour un plan d’aide de 24h/24, j’ai dû tourner pendant quelque temps avec seulement deux auxiliaires de vie et cela ne pouvait plus durer.
Finalement, j’ai dû me résoudre à repasser en service prestataire (entreprise). A l’époque, un seul service pouvait m’accompagner. Quelque temps plus tard, je suis restée deux nuits seule faute de personnel formé. J’ai porté plainte pour dénoncer cette situation qui a été très mal gérée. Voyant que la mise en place des interventions de ce service devenait de plus en plus difficile, j’ai alors décidé de changer de prestataire. J’avais trouvé une association, mais il leur fallait du temps pour s’organiser.
Mon départ était prévu deux mois plus tard. Cependant, l’entreprise a rapidement pris des mesures pour me « mettre dehors » en prétextant qu’ils avaient mon accord. Il n’y a pas eu de recours possible pour moi car ils m’avaient trouvé une autre entreprise qui était en mesure de m’accepter dans l’immédiat.
Ils étaient, apparemment, dans leur bon droit, bien que ma liberté de choisir ait été bafouée.
J’ai dû me plier à leur décision.
Aujourd’hui, j’y suis toujours. Le turn-over et le manque de personnel formé ne me permettent plus d’avoir une équipe complète et stable. De plus, en cas de grosse mésentente avec un auxiliaire de vie, le seul moyen d’avoir quelqu’un est de subir.
A l’heure actuelle, il est compliqué de changer de prestataire car très peu de services accompagnent des personnes trachéotomisées.