La RERL rencontre Madame la Députée Bérangère COUILLARD afin d’évoquer la Prestation Compensatrice du Handicap (PCH). L’échange se porte principalement sur les nombreux restes à charge non considérés par la PCH, notamment pour les employeurs particuliers en situation de handicap. Sont également abordés la déconjugalisation de l’AAH ainsi que l’obligation vaccinale pour les salariés du particulier employeur.
En préambule, nous faisons un point sur la présentation qui a été faite le Lundi 5 Juillet 2021 à Kévin PELLE qui s’est chargé de rédiger une note synthétique à l’adresse de Madame COUILLARD.
Quelques années plus tard, quand il a fallu faire face à des licenciements ou fins de contrat, je me suis retrouvé avec des restes à charge que je n’avais pas anticipés. J’explique trouver cela anormal qu’il n’y ait pas de prise en charge, puisque ce sont des restes à charge au titre de la dépendance, au même titre que les sommes versées à un service prestataire. Et ce, en dépit des économies conséquentes réalisées par les Conseils Départementaux en finançant l’emploi direct.
En revanche nous avons besoin d’aide pour financer les nombreux restes à charge. Est-il normal que les services prestataires soient payés jusqu’à 30 € de l’heure pour une piètre qualité de service souvent maltraitante alors que nous sommes payés beaucoup moins ?
Madame COUILLARD explique qu’il est compliqué pour le Conseil Départemental de prendre en charge des éventuels coûts de licenciement que nous pourrions avoir prenant l’exemple des licenciements abusifs. Je rappelle que les situations de licenciement sont très nombreuses et que ces licenciements abusifs ne représentent donc qu’une faible minorité des cas de licenciement. Très souvent nous sommes dans notre droit. J’illustre mon propos par des situations concrètes vécues par des particuliers employeurs (Annexe 1).
Madame COUILLARD comprend l’intérêt de cette estimation qu’elle décrit comme étant une « assurance ».
Madame COUILLARD résume et consent que nous faisons faire des économies aux Conseils Départementaux alors que ce dernier ne prend en charge que ce que nous coûte en temps réel l’employé sans prendre en compte le coût total (avec les restes à charges).
Pour étayer tout cela, je démontre graphiquement (Annexe 2) l’impact minime des restes à charge sur le budget, en rappelant que ces dépenses représentent peu au regard des économies conséquentes réalisées grâce à l’emploi direct. Nous demandons simplement une aide financière pour les restes à charge afin d’assumer pleinement notre statut d’employeur sans s’endetter et/ou léser nos salariés.
Si la prise en compte des restes à charge peut sembler être à perte pour les Conseils Départementaux à court terme, dans les faits, c’est “du gagnant-gagnant”.
Je profite de cet entretien pour revenir sur la position de Madame CLUZEL au sujet de l’AAH en remettant en cause son manque d’ouverture. Madame COUILLARD met en avant le fait que cette décision a été guidée avant tout par des contraintes budgétaires, même si à titre personnel elle se dit favorable à la déconjugalisation de l’AAH.
Comprenant cet argument, j’insiste malgré tout sur l’importance de prioriser la vie et la dignité de la personne, sur l’argent. J’en profite pour rappeler la position de Madame COUILLARD sur la défense des femmes, en précisant que la déconjugalisation concerne aussi l’indépendance financière de nombreuses femmes vis-à-vis de leur conjoint. C’est l’une des raisons pour lesquelles Madame COUILLARD est favorable à la déconjugalisation de l’AAH, notamment pour les personnes handicapées à vie. Elle rappelle l’action de son gouvernement sur la durée des droits de la PCH pour les personnes handicapées à plus de 80 %.
Nous nous accordons sur tout cela et notamment sur le fait qu’on ne puisse pas reprocher à une personne qui ne peut pas travailler de ne pas le faire, et que cette allocation lui permet d’avoir de l’autonomie et un minimum de dignité.
Cependant, l’article semble expliquer le contraire, et après sa lecture Madame COUILLARD comprend ma colère. Elle trouve en effet ces phrases extrêmement dures et mal tournées et ajoute qu’elles ne devraient pas apparaître sur un document comme celui-ci. Elle s’engage donc à prendre contact avec le ministère de la santé rapidement à ce sujet.
Malheureusement, il décède des suites d’une infection pulmonaire. Sa famille se retrouve contrainte de licencier son équipe pour décès de l’employeur.
S’ils en ont les moyens, lui ou sa famille devront alors s’acquitter :
Un total s’élevant donc à 43 668,60 euros. Aaron n’ayant jamais travaillé, son héritage ne suffit pas à payer cette somme… Comme souvent, la famille se retrouve donc contrainte de refuser l’héritage de leur fils, laissant ainsi les salariés sans indemnités.
Noé est atteint d’une ASI (Amyotrophie Spinale Infantile) qui le prive également de la mobilité de son corps. Il bénéficie à ce titre d’un plan d’aides humaines par la PCH de 18 heures quotidiennes soient 548 heures mensuelles. Cela fait très exactement six années qu’il emploie la même équipe de 4 personnes qui se relaye à son domicile.
Afin de se rapprocher de sa famille, il doit déménager et changer de département. Malheureusement ses auxiliaires de vie ne peuvent le suivre, il n’a d’autre choix que de les licencier…
Ce licenciement lui coûtera 10 324,32 euros auxquels s’ajoutent 2 064,87 euros de cotisations sociales (20 % du montant de l’indemnité) s’il décide de proposer des ruptures conventionnelles. Pourtant, il ne vit que de l’AAH.
Marie bénéficie d’un plan d’aides humaines par la PCH de 6 heures quotidiennes soient 183 heures mensuelles pour l’accompagner au quotidien. Elle vit seule avec sa fille de 6 ans. Depuis douze ans, elle emploie la même personne.
Son employée a récemment été déclarée inapte au travail, elle devra donc la licencier pour inaptitude au travail.
Ce licenciement s’accompagne d’une indemnité importante puisqu’elle est doublée par rapport à une indemnité de licenciement classique. Marie devra s’acquitter de la somme de 14 572,37 euros malgré ses faibles revenus.
Eve emploie plusieurs personnes à son domicile dont une à temps plein (174 heures mensuelles). Son employée, actuellement enceinte, sera indisponible pour une période d’environ 12 mois. Eve n’a d’autre choix que d’avoir recours à un CDD pour la remplacer.
À l’issue de ce CDD, elle devra s’acquitter de la prime de précarité correspondant à 10 % du montant brut total. C’est donc un montant de 2 622,53 euros qu’Eve devra verser à son employée en fin de contrat.
Eve n’a que l’AAH comme ressources.
ED : Emploi Direct
SM : Service Mandataire
SP : Service Prestataires
Décembre 2019 | Emploi Direct | Service Mandataire | Total |
Nb de personnes payées pour service fait | 616 | 122 | 738 |
Montants versés pour service fait | 649 286,00 € | 196 380,00 € | 845 666,00 € |
Tarif horaire | 14,04 € | 15,44 € | |
Nb heure totale | 46 246 | 12 719 | 58 965 |
Nb heure moyen par personne | 75,08 | 104,26 | |
Montant charges (0,55 €/h) | 25 435,30 € | 6 995,45 € | 32 430,75 € |
Montant si heures effectuées en SP (17,77 €/h) | 821 791,42 € | 226 016,63 € | 1 047 808,05 € |
Economies réalisées | 172 505,42 € | 29 636,63 € | 202 142,05 € |
Montant total aides humaines (*) | 6 064 220,00 € | ||
Montant total aides humaines (SP/SM/ED) | 4 831 424,00 € |
(*) Ce total inclue les montants versés pour toutes les modalités de l’aide humaine : le recours aux aidants familiaux, le recours aux services prestataires, le recours aux services mandataires, l’emploi direct et le forfait cécité et surdité.
Si on incluait les restes à charge aux montant versés pour l’ED et le SM, ces charges ne représenteraient que 3,69 % du montant soit une augmentation de 3,84 % de ce budget.
Au niveau global, ces charges ne représenteraient que 0,53 % du montant soient une augmentation de 0,54 % du budget total de l’aide humaine.
En ne considérant que le budget SP/SM/ED, ces charges ne représenteraient que 0,67 % du montant soient une augmentation de 0,68 % du budget de l’aide humaine.
Si l’ensemble des bénéficiaires de l’ED et du SM décidaient de partir en SP, cela représenterait un surcoût du budget total d’environ 202 142,05 € en plus de créer un véritable séisme social, ces services étant déjà saturés et en manque de personnel.
En finançant les restes à charge, qui représentent 16,04 % de ces économies, le Conseil Départemental conserverait malgré toute une économie de 169 711,30 € par mois.
L'association échange avec Caroline ZGAINSKI autour de la Prestation de Compensation du Handicap (PCH) et…
2. 2 – Co-développement d’un capuchon de sécurité pour lève personne Ce projet fait suite…
Sur l’année 2022-2023, un tourne-pages électrique a été réalisé en collaboration avec Adrien Boussicault et…
Le cas de Sonia Cela fait plus de 10 ans que je fais appel…
Témoignage de Daniel Alors depuis plusieurs mois j'envisage de déménager dans le sud de la…
L'association échange avec Aurélien PRADIE autour de la Prestation de Compensation du Handicap (PCH) et…